Chaque année, l’application Ma Petite Planète propose une compétition de défis écologiques à réaliser entre amis, famille ou collègues. On l’a testé pour vous.
Fin janvier, j’ai décidé de participer à un jeu écolo en ligne par équipe. La fin approche, j’ai donc demandé à mes coéquipières et coéquipiers leurs retours d’expérience après trois semaines de défis écologiques. Passer une semaine sans café, ni chocolat, Mathilde a relevé ce défi avec succès. « Ce n’était pas facile à réaliser parce qu’on a des réflexes spontanés, confie la diplômée en ressources humaines de 23 ans. Par exemple, j’adore manger des carrés de chocolat le soir devant la télévision. C’est un rituel. »
Il s’agit d’un défi lancé par Ma Petite Planète, un jeu écologique, afin de sensibiliser à la production du cacao et du café, souvent cultivés en monoculture. Une production gourmande en eau et qui est aussi à l’origine de la déforestation.

« Donner envie d’agir et de se saisir des enjeux environnementaux », c’est l’objectif de Clément Debosque, cofondateur du jeu virtuel Ma Petite Planète, aussi appelé MPP. Le but ? Réaliser le maximum de défis écolos en trois semaines et cumuler un maximum de points.
Pour cela, le joueur est dans une ligue, c’est-à-dire une équipe. Pour chaque défi relevé, il envoie une photo du résultat. Sur la conversation Messenger fleurissent donc des dizaines de photos de plats vegan, de déodorants fait maison, de déchets ramassés à l’extérieur. « Le système de points et le partage sur la conversation crée une émulation dans le groupe qui est sympathique et entraînante », estime Mathilde.
« Aujourd’hui, on passe beaucoup de temps sur les écrans. Le plus difficile, c’était le soir. J’avais envie d’être passive et de traîner sur mon portable. » Félicie, 22 ans
Cette édition, débutée le 25 janvier, rassemble 5 300 joueurs. Mon ami Corentin, écologiste convaincu, y participe pour la deuxième fois, mais cette fois-ci, en tant qu’ambassadeur. « Mon but est d’assurer la coordination entre les joueurs », explique-t-il. Un rôle qui lui colle à la peau car dans la vie, le Nantais de 23 ans est aussi ambassadeur, mais ambassadeur du tri des déchets dans le Val-d’Oise.
Laureline a fait le pari de manger vegan pendant une semaine. « Après deux semaines végétariennes, j’ai voulu aller plus loin. J’ai réussi à convaincre mes parents de me suivre dans ce challenge. Cela nécessite beaucoup d’organisation. Avant de commencer, j’ai dû réfléchir à tous les menus de la semaine. C’est aussi moi qui cuisine chaque repas donc c’est du travail », explique l’étudiante en design de 23 ans. Au menu : boulgotto de potimarron, une version risotto du boulgour, dahl de lentilles et gâteau au chocolat vegan.
🌱 Défi #MaPetitePlanète: une semaine #vegetarian !
🍽 Ajd c’est steak végétal et purée de légumes 🍠
👉🏻 Qui a dit que manger des plats #sansviande était difficile ? 😄
🐄#beyondmeat 🐟#sanspoisson 🐖#antispecisme pic.twitter.com/cDUY3TYXTH
— Manon Goffart (@ManonClimat) February 9, 2021
Félicie a pour sa part décidé de se couper des écrans pendant 24 heures. Un défi créé par l’équipe pour prendre conscience de notre dépendance au smartphone. « Aujourd’hui, on passe beaucoup de temps sur les écrans, je voulais voir à quoi ça ressemble une journée sans. Avec mon coloc, on a décidé de le faire un samedi. Pendant la journée, nous nous sommes baladés, nous avons fait du vélo. Le plus difficile, c’était le soir. J’avais envie d’être passive et de traîner sur mon portable », raconte la jeune femme de 22 ans, actuellement volontaire dans une association environnementale en Croatie.
Dernières lignes droites pour valider de nouveaux défis pour Ma Petite Planète, la compétition de défis écologiques 🌱🌍 #MaPetitePlanete #mppdefi pic.twitter.com/gKjjOUKTVQ
— Antenna Foundation (@AntennaFound) February 11, 2021
Sur l’application mobile, chaque défi est accompagné d’informations qui expliquent pourquoi nos habitudes peuvent être néfastes pour l’environnement. « Grâce au jeu, j’ai pris conscience de l’impact carbone des mails et des données mobiles », souligne Marine, esthéticienne de 23 ans. Laureline a, elle, été « vraiment choquée par les dépenses d’énergie engendrées par la 4G ». En effet, la quatrième génération de réseaux mobiles consomme dix fois plus d’électricité que le wifi.

Mathilde a, quant à elle, convaincu ses parents de réutiliser le compost au fond du jardin. « J’ai compris que cela n’avait pas de sens de jeter ses déchets végétaux dans la poubelle à ordures ménagères car les déchets sont incinérés. Or, les végétaux contiennent un pourcentage d’eau important et les brûler signifie en réalité brûler de l’eau. C’est stupide. »
« Je ne considère pas que la voie de l’écologie se résume aux petits gestes individuels. Je pense que l’écologie doit être politique pour que cela fonctionne », Pia, 23 ans
Sensibiliser « le grand public au changement climatique sans être moralisateur », c’est le but du cofondateur de MPP. Toutefois, Pia étudiante de 23 ans en pharmacie « ne considère pas que la voie de l’écologie se résume aux petits gestes individuels ».
« Évidemment, c’est mieux d’acheter en vrac et de baisser la température de son logement mais je ne pense pas que le nœud du problème soit là. Cela entretient l’idée que la crise climatique serait dû à nos mauvaises habitudes personnelles. Je pense que l’écologie doit être politique pour que cela fonctionne », conclut la jeune femme.
Bertille, en master de direction de projets culturels, s’est également prise au jeu : « au début j’ai pensé “encore une initiative qui culpabilise les individus et qui nous dit que c’est en prenant des douches de moins de cinq minutes qu’on va sauver la planète », alors que ce sont les grandes entreprises qui polluent le plus. »
Le projet MPP dépasse aussi les simples habitudes de consommation. « Sans ce jeu, je ne me serais jamais renseignée auprès de ma banque pour savoir quel genre de projets finance mon épargne », se réjouit Marine.
Lisa Morisseau
Twitter : @LisaMorisseau