Le mandat présidentiel de Donald Trump s’achèvera le 20 janvier prochain. Durant ces derniers mois, il n’avait pas hésité à se déhancher lors de ses derniers meeting, en vain : une manière pour lui de montrer sa vitalité, en opposition à son concurrent surnommé par ses détracteurs Sleepy Joe. La musique a donc joué un rôle important tout au long de sa campagne, parfois pour redorer son image, parfois pour la critiquer.
Encore une fois, Donald Trump n’a pas manqué d’utiliser les réseaux sociaux pour faire parler de lui. Ces derniers jours, Twitter a rapidement été envahi de memes du président sortant, se déhanchant lors de ses meetings, pour le plus grand bonheur des internautes. L’usage de la musique pour adoucir une image vivement critiquée a été cruciale tout au long de son mandat. Pourtant, certaines musiques ont parfois joués à sa défaveur, en signe de protestation.
“FUCK DONALD TRUMP”, un message fort
Le titre sans équivoque « Fuck Donald Trump », (aussi appelé « FDT ») a refait son apparition ces derniers jours auprès des TikTokers pro-Biden, mais également au sein des rassemblements célébrant la victoire de ce dernier. Selon Nielsen Music et MRC Data, le titre « est passé de 240 000 à 1 050 000 écoutes en streaming à quelques jours des votes, soit une augmentation de 338% ».
Compilation vidéos TikTok « Fuck Donald Trump » / YouTube
Initialement, le titre était destiné à la première campagne de Donald Trump. En avril 2016, YG, en featuring avec le regretté Nepsey Hussle, avait décidé de crier haut et fort ce que beaucoup de personnes pensaient tout bas. « Je me suis dit ‘’Plus personne ne fait quelque chose de concret pour vous ? Personne ne parle pour vous ? Pas de soucis, n’en dites pas plus, je vais m’en charger’’ » confiait YG au magazine I-D en 2016.
YG feat. Nepsey Hussle – Fuck Donald Trump (FDT) / YouTube
La popularité du titre lui a permis de se hisser dans le top 50 R&B/Hip-Hop du célèbre classement Billboard. Mais ce succès n’a apparemment pas plu au principal concerné.
« Les services secrets ont débarqué dans les bureau du label, demandant à voir les lyrics de l’album. Ils cherchaient à savoir si je parlais de Donald Trump dessus. Et si c’était le cas, ils comptaient le faire disparaître, vous comprenez ? ». L’album Still Brazy sur lequel figure le titre FDT est tout de même sorti, quelques mois après.
Les paroles sont tout aussi limpides et directs que le titre. Dans FDT, YG prévient les américains : « Juste quand je pensais que les choses ne pouvaient pas être pire, je me réveille en entendant parler ce gars (…) J’aime les blancs, mais je ne t’aime pas. Ne laissez pas Donald Trump gagner, ce gars-là c’est le cancer, Il est trop riche, il n’a pas de solution à nous donner ».
Dévoilé sur la scène du festival Coachella la même année, une foule réceptive s’est rapidement jointe à la contestation en présentant un doigt d’honneur en l’air au moment du refrain. « À l’heure des nouvelles technologies et des armes nucléaires, la division c’est l’ennemie (…) le choix du prochain dirigeant des Etats-Unis sera décisif pour ces raisons-là. » ajoute YG.
Coachella 2019 🔥🥰 #FDT pic.twitter.com/7SH3ixZ1Fq
— Yazan Abushanab (@Y_Alaadin) November 7, 2020
« Fuck Donald Trump » interprété lors de l’édition 2016 du festival Coachella / Twitter
Malheureusement, ça n’aura pas suffit : Donald Trump remporta l’élection avec 55% des voix contre la candidate Hillary Clinton.
L’Amérique de Childish Gambino
Donald Glover, plus connu sous son nom de scène, Childish Gambino, partage uniquement son prénom avec Trump. Rappeur, acteur, humoriste et réalisateur, ce jeune artiste afro-américain dépeint l’image de l’Amérique des temps modernes, celle de Donald Trump, dans This is America. On découvre un pays meurtri par la violence, celle des armes, mais également celle du racisme et des inégalités. L’interprète, presque schizophrène, se retrouve coincé entre l’image d’un pays fait de paillettes, de rêves et de fioritures, et une réalité alarmante, inquiétante, sinistre. Le clip qui l’accompagne est tout aussi conflictuel : scènes loufoques, chorégraphies étranges mais hypnotisantes nous emmènent dans l’Amérique de Childish Gambino.
Childish Gambino – This is America (clip officiel) / YouTube
Ce titre n’a pas fait l’unanimité : Certains se réjouissaient de voir le rappeur incarner l’exact contre-pied de Kanye West. Yeezus est rapidement devenu le nouveau meilleur ami de Trump, laissant son public divisé. Mais d’autres ont dénoncé une vision anti-américaine de Donald Glover à travers son œuvre. Pourtant, il expliquait en 2018 à la chaîne américaine E! « je voulais juste faire une bonne musique. Quelque chose que les gens pourraient écouter le 4 juillet [jour de la fête de l’indépendance américaine] ».
Le site de décryptage de lyrics, Genius, a même consacré une vidéo pour expliquer le sens des paroles :
This is America – Genius / YouTube
Il en fallait sans doute plus pour ralentir l’artiste, qui cumule 731 millions de vues sur le clip de This is America.
Un hymne gay aux meeting de Trump
Le titre « YMCA » sorti en 1978 n’a pas cessé de tourner en boucle aux derniers meeting de Trump. C’est sur cette musique que le président des États-Unis s’est déhanché, devant une foule en délire.
Compilation Trump dansant sur « YMCA » – NBC / YouTube
« YMCA » n’est pas l’unique titre du groupe sur lequel le président a fait son show. « Macho Man » a notamment été une des musiques les plus utilisés dernièrement, lors de ses meeting. En début d’année, l’Inde l’a même utilisé pour accueillir le président dans le plus grand stade de Cricket au monde.
Trump accueilli avec « Macho man » en Inde – Huffpost / YouTube
Ces choix de musique peuvent paraître étonnant puisque « Macho Man » est maintenant devenu l’hymne du mouvement gay. Malgré tout, ce sont des musiques qui restent populaires, festives et, justement, en décalage avec Trump, ce qui suscite les réactions.
Anderson Cooper, le célèbre journaliste de la chaîne d’information américaine CNN, avait d’ailleurs eu du mal à garder son sérieux à l’écoute de la musique, lors d’un meeting de Trump.
Anderson Cooper’s face when he hears they are playing “Macho Man” at @realDonaldTrump ‘s rally. 🤣🤣🤣🤣 pic.twitter.com/1SK23Z6yeR
— BookofJonah (@BookofJonah) October 13, 2020
Anderson Cooper découvrant « Macho man » pendant le meeting de Trump – CNN / Twitter
Le groupe Village People, dont la composition était censée représenter les stéréotypes masculins américains, est né en 1977 à Greenwich Village, à New York, quartier très prisé par la communauté gay. Pourtant, Donald Trump ne s’illustre pas comme un grand défenseur de la cause LGBTQI+. Il avait par exemple décidé de bannir les personnes transgenres de l’armée en milieu de mandat.
Le mandat de Joe Biden promet d’être tout aussi rythmé. Sa vice-présidente, Kamala Harris, n’hésite déjà pas à dévoiler quelques pas de danse, sur ses réseaux sociaux.
