En seulement six mois, Justine Thevenin, graphiste et illustratrice, a dessiné et auto-édité sa première BD, grâce à une campagne de crowdfunding.
Al est le personnage de BD que Justine Thevenin a créé fin novembre dernier. Depuis, elle a réussi sa campagne de crowfunding sur Kisskissbankbank, et 200 exemplaires de l’ouvrage Al et moi ont été imprimés.
Récemment diplômée d’un DSAA de graphisme du lycée des Arènes à Toulouse, l’illustratrice a commencé à dessiner ses conversations imaginaires avec Al « pour dépasser sa rupture » remontant à l’été précédent. Cette séparation marquait la fin de sa première histoire d’amour et relation avec une femme. À partir de l’automne, pendant le deuxième confinement, Justine Thevenin commence à dessiner sa BD, d’abord pour elle-même. Tout part d’une rencontre imaginaire avec Alice, qu’elle surnomme rapidement Al. Al est un personnage né des émotions de la dessinatrice, mais qui représente aussi une « partie d’elle-même », « un signe », une personne que Justine pense intimement « qu’elle va rencontrer un jour ». « Ju » se met en scène avec Al au fur et à mesure du récit. Leurs échanges parlent d’amour, de rupture, de féminisme, de solitude, de simplicité, de bonheur.
« J’étais dans mon délire quand je l’ai fait. »
Justine Thevenin
Un jour, Justine Thevenin poste une story sur Instagram, dans laquelle elle évoque auprès de sa communauté l’idée de la BD. Face à l’enthousiasme de ses followers, elle décide de lancer sa campagne de financement participatif, et de pousser le projet plus loin. Pour elle, tout s’est enchaîné spontanément, et en seulement quelques mois, ce qui était un projet personnel a pris progressivement une autre dimension.
Mais le processus créatif n’a pas été linéaire ou toujours facile pour autant : « À un moment, je n’y croyais plus du tout, je pleurais devant le projet ». C’est aussi ça, la construction d’une œuvre artistique et littéraire. Pour remédier à cette baisse de moral et retrouver son impulsion initiale, Justine Thevenin a alors posé des jours de congé et s’est réfugiée à la campagne, chez ses grands-parents. Ça a fonctionné, et au bout de deux mois d’écriture et de dessins, les planches étaient terminées.
Pour faire de ses dessins un « vrai » livre, un objet matériel avec des pages reliées, une couverture, l’odeur du papier et de l’encre, Justine Thevenin décide de recourir au financement participatif. Elle choisit la plateforme Kisskissbankbank pour réunir ses contributeurs. Sur le site Kisskissbankbank, les projets sont en général attribués au hasard à un coach chargé de les suivre. Mais quand Lehna Ouali, sa coach, a vu le brouillon de la page du projet Al et moi, elle a décidé d’accompagner personnellement le crowfunding de la dessinatrice. « Il y avait les éléments qui me plaisaient : féminisme et autoproduction culturelle. Alors j’ai décidé de prendre le projet. »
Déjà bien avancée, la page de Justine Thevenin a vite été validée et publiée. Puis le premier objectif de 70 préventes a été dépassé, de même que le deuxième, de 120 préventes, avec 113% de succès atteint le 26 février. Au total, l’illustratrice a fait imprimer 200 exemplaires par l’entreprise toulousaine Repromat, en auto-édition. Après un premier prototype réalisé en janvier, et quelques détails corrigés, Justine Thevenin a validé le second il y a quelques semaines. Pour les contributeurs, la livraison est prévue fin mars à début avril.
À Toulouse, la grande librairie Terra Nova a accepté immédiatement de vendre l’ouvrage, de même que la librairie féministe et queer Au Bonheur des Dames, dont les libraires « ont été conquises » en découvrant la BD. Les exemplaires de Al et moi ont rejoint les rayons de ces librairies depuis le début de la semaine, dès que Justine Thevenin a récupéré dans une valise sa commande de 200 livres.
Pendant toute la durée du processus créatif, Justine Thevenin n’a pas reçu de retour sur sa BD. À part ses deux colocs, « pas vraiment objectives », personne n’a vu le projet entier. Il y a donc un certain stress avec l’aboutissement du livre et les livraisons aux contributeurs qui ont rendu l’auto-édition possible. Pour autant, Justine Thevenin « n’attend rien ». Il y aura peut-être de futures réimpressions si la BD plaît, ou d’autres livres à l’avenir, mais la dessinatrice est heureuse d’avoir mené le projet de A à Z.
Partie d’une nécessité personnelle, l’idée a fait son chemin jusqu’à sa concrétisation, en seulement quelques mois : « Quant tu y crois, ça arrive. C’est assez magique, c’est comme si l’univers était avec toi ».
